Amy Van Hossen: Chapitre septième
Je rentre légèrement agacée dans ma salle de classe, Eva a eu la bonne idée de m'envoyer un simple « désolée » par message sans explication. Je repère rapidement la chevelure blonde d'Elysa, mais au dernier moment Emma me fait un grand signe pour que je m'assois à côté d'elle. Elysa ne m'a pas encore remarqué. J'accepte la demande d'Emma, en m'asseyant je lance un dernier regard vers Elysa, elle me regarde avec incompréhension et ses yeux se font soudainement froids. Manquait plus que ça... Je lui fais un petit sourire désolée, elle hausse les épaule feignant l'indifférence et baisse son regard sur son cahier. Emma me fait un grand sourire à côté de moi, elle me raconte tout un tas de choses qu'elle a fait hier soir et me parle de son petit ami Matt, elle me dit qu'elle me le présentera puis, voyant mon air détaché se concentre un peu plus sur moi. Elle me fixe carrément en faite.
« Et toi t'es sûre que ça va ?
- Oui pourquoi ?
- Depuis tout à l'heure tu m'écoutes mais tes mains sont en train de complètement détruire ta gomme... », dit elle en levant un sourcil moqueur.
Je baisse les yeux sur mes mains et je vois effectivement ma gomme en charpie entre mes doigts.
« Oh... Oui ça va... c'est juste un problème de famille banal, répondis-je gênée en reposant ma gomme dans ma trousse.
- Raconte, dit elle dans un sourire tendre.
- Je me suis disputé avec ma sœur hier soir, enfin elle s'est énervée sur moi surtout, sans raison ou en tout cas je ne les comprend pas, et ce matin elle m'envoie juste un « désolée » sans me donner la moindre explication. Juste un « désolée », ça n'excuse rien ça...
- Ah mince... Je savais pas que t'avais une sœur. Elle a quel âge ? »
Emma est vraiment gentille, sa tentative de changer de sujet pour dévier mon esprit du problème me touche vraiment.
« 17 ans comme nous, mais elle est restée habiter avec mon père le temps qu'il finisse son travail. »
Durant tout le cours je lui raconte un peu ma vie, qu'avant j'habitais en Amérique, que mon père est dans l'armée, et même contre tout étonnement je lui raconte même que ma mère est professeur dans le lycée. Elle me fait rire de temps en temps. Je sens le regard lourd d'Elysa dans mon dos, je sais qu'à la fin du cours je vais devoir encore la rassurer sur sa position irrévocable d'amie. La paranoïa la tuera. Quand la sonnerie retentit au bout de ces deux heures de français avec un professeur totalement dur de la feuille et particulièrement ennuyant, Emma me fait un bisou sur la joue et me dit qu'elle va voire son copain durant la pose, elle me propose de l'accompagner mais je jette un coup d’œil à Elysa et lui dis que j'ai d'autres choses à faire.
« Une autre fois. J'ai une paranoïaque à gérer !
- T'inquiète pas, à tout à l'heure Amy, me répondit elle en souriant.
- A tout à l'heure ! »
Je me dirige vers Elysa qui m'attend un peu plus loin, l'air agacé. Quand j'arrive à sa hauteur je décide de pas prendre compte de son air ronchon et la prend dans mes bras, elle se tend au départ, surprise puis répond à mon étreinte. Je me détache doucement d'elle et la regarde en souriant.
« C'est bon Emma a fini de te voler à moi ? Lance-t-elle, sarcastique.
- Elysa... personne ne me vole à personne. Et Emma est très gentille tu sais, elle est partie rejoindre son petit ami pour la pause.
A cette information, elle semble se détendre et un petit sourire né sur son visage.
- Oui mais j'aurais pu passer deux heures de plus avec toi, mais à cause d'elle c'est raté, dit elle dans une moue boudeuse qui me fait rire.
- Rho tu es irrécupérable, répondis-je faussement blasée. Promis je serai à côté de toi dans les prochains cours si il n'y a que ça pour te faire plaisir. On dirait une enfant de 5 ans.
- Ouais ! Ça me va parfaitement même !
- Tu es exaspérante... lançai-je en levant les yeux au ciel. Mais c'est étrangement adorable...
- Je sais bien, mais c'est pour ça qu'on m'aime, répondit-elle en faisant un clin d’œil.
- Prend pas tes rêve pour la réalité.
Je lui pousse doucement l'épaule pour l’embêter.
- Et sinon toi ça va ? T'avais l'air préoccupée en début de cours.
Son ton empreint d’inquiétude me fait sourire tendrement, mais je me rappel vite la raison de ma ''préoccupation'' et je le perd rapidement avant de répondre platement :
- Oui oui rien de grave ni d’intéressant non plus.
- Tu sais que tu peux tout me dire hein ? Même si c'est pas intéressant je veux bien savoir ce qui te préoccupait moi... répondis-t-elle en faisant une moue enfantine.
- Non je t'assure c'est rien, c'est juste ma sœur.
- Ta sœur ? Ah oui elle n'est pas au courante de cette information là...
Elle hausse un sourcil mécontent face à cette nouvelle information.
- Pourquoi tu ne m'as pas dis que tu avais une sœur ?
Son ton de reproche me fait frissonner, ils ont quoi tous en ce moment à réagir au quart de tour pour des choses peu importantes.
- Parce que c'est pas comme si c'était la chose la plus importante au monde. Et puis dois-je te rappeler que ça ne fait pas si longtemps qu'on se connaît ?
- Bah c'est important, c'est ta famille. Oui oui... Et elle a quel age ?
- 17 ans, comme nous mais elle est restée aux USA avec mon père.
- Tu as... Vous avez le même âge ? Vous...vous êtes jumelles ?! Oh mon dieu ! Deux Amy trop bien !
- Calme toi, dis-je en rigolant. On est fausse jumelle, on se ressemble vraiment pas, c'est plutôt étonnant, elle est brune et moi blonde, elle a les yeux gris et moi verts. Tu vois ? On se ressemble pas.
- Oh dommage...
- Et pourquoi ça ? Demandais-je suspicieuse. Cette fille est vraiment perchée !
- Pour rien...pour rien.
Elle se balance sur ses jambes.
- Et que t'a-t-elle fait ? Reprend-t-elle.
- Elle s'est énervée pour rien hier soir et ce matin m'a juste envoyé ''désolée'' sans m'expliquer.
- Elle s'est énervée ? Beaucoup ?
- Oui...
- Après que tu lui ais dit quoi ? Dit elle en rigolant.
- Ce n'est absolument pas drôle. Et puis c'est après que je lui ais parlé de toi... Donc voilà. Et TOC !
- Hein ?! Pourquoi ?! Qu'ais je fait pour que ta sœur s'énerve par ma faute ?!
Ses yeux sont écarquillés par son étonnement et se rapproche soudainement de moi pour une meilleure attention.
- Je sais pas... Pas si près...
- Tu lui as dis quoi sur moi pour qu'elle réagisse comme ça ? Parce que je ne me souviens pas t'avoir fait du mal ou quoi que ce soit d'autre.
Je lui explique alors le déroulement de ma conversation avec Eva, elle passe de l'étonnement à l’incompréhension pour finir par un air embêté. C'est qu'Eva n'avais pas de raison de s'énerver après tout Elysa n'a jamais rien fait de mal en ma présence.
- Elle a donc pas apprécié que tu me prennes dans tes bras ?
- Oui je crois que c'est cela. Enfin je suis pas totalement sure.Peut être pas, ça me paraît un peu gros comme raison. Mais tu sais Eva a toujours été très protectrice envers moi, il faut juste qu'elle comprenne que j'ai rien à craindre avec toi. Je pense aussi qu'elle a peur pour moi, que je recommence a avoir peur des gens comme avant. Du moins c'est ce que je pense. Quand j'étais plus jeune je me suis faite agressée dans la rue par un homme jusqu'à ce que mon père et Eva vienne m'aider et suite à ça je laisser personne m'approcher surtout les hommes. C'était compliqué...Bon dieu pourquoi je lui raconte ça aussi facilement...
- Tu as été...sa voix se bloque dans sa gorge l'empêchant de finir sa phrase tant la crainte l'a envahis.
- Non non ! On m'a seulement frappé et dieu merci... Mais j'ai quand même suite à ça eu du mal à... refaire confiance, c'est même tout récent... Tu es la première pour le moment avec qui j'ose être aussi proche en fait. Et maintenant Emma aussi mais beaucoup moins qu'à toi bien sure. C'est assez nouveau pour moi même...
- Oh je suis flattée ! Dit elle avec un sourire aguicheur.
- Rho, bref. Du coup je pense qu'elle a peur que tu me fasses du mal, enfin c'est que mon avis. C'est seulement une hypothèse. Son emportement m'étonne vraiment...
- Mouais.
- Quoi ?
Elle plonge son regard dans le mien et quelques minutes s'écoulent avant qu'elle réponde en détournant les yeux :
- Elle est peu être simplement jalouse.
- Jalouse ? Mais de quoi ? Jalouse ?!
Je hausse les sourcils d'incompréhension, de quoi Eva pouvait elle bien être jalouse ? Elysa et une amie et Eva ma sœur. Et puis c'est pas comme si j'allais arrêter de la prendre dans mes bras juste parce que j'ai une nouvelle amie. Alors quoi ? Elle veut peut être simplement être là pour me protéger mais elle ne le peut pas ?
- Non laisse je divague, répond-t-elle en m'adressant un grand sourire.
- Eva n'est pas jalouse c'est ma sœur. Je vois pas de quoi elle pourrait être jalouse.
- Oui tu as raison. Je me fais des films laisse tomber.
La discussion se termine interrompue par la sonnerie résonnant dans le couloir. On se dirige lentement vers notre prochaine salle reprenant mon sourire perdu. Je jure de trouver la raison de l'emportement d'Eva coûte que coûte.
Les cours suivants se passent relativement bien et quand la dernière sonnerie annonçant la fin des cours se fait entendre, c'est avec joie que tout les élèves sortent de l'établissement. Je sors de la salle de classe en prenant mon temps, l'idée de me retrouver dans la marée d'élèves ne m'enchante en rien. Elysa est là à m'attendre, toujours souriante, arrivée jusqu'à elle elle me demande si on peut y aller et je lui fais signe que oui. Elle sent mon malaise avec la foule et pose une main sur ma taille me protégeant de son autre main le temps que l'on sorte à notre tour de l'établissement. Une fois dehors elle se tourne vers moi hésitante :
- Ça te dit qu'on aille se promener et boire un verre ou manger une glace ? Mais si tu ne peux pas c'est pas grave hein...
Je la regarde, attendrie par sa gène, je réfléchie une seconde et accepte sa proposition :
- Avec plaisir, ça me changera les idées. Il faut juste que je prévienne ma mère que je ne serai pas tout de suite à la maison, je devais prendre le bus ce soir vu qu'elle finit plus tard.
- D'accord ! Super, je t'attend.
Je sors mon portable et déverrouille l'écran. 5 appels manqués. 3 de maman et 2 de papa. Si c'était important il auraient laissé un message non ? Elysa doit apercevoir l’inquiétude sur mon visage puisqu'elle se penche vers moi et me demande si tout va bien.
- Oui oui, juste mes parents qui ont essayé de me joindre ce midi mais j'avais éteins mon portable toute la journée. C'est rien.
J'envoie un message à ma mère comme quoi je rentrerai pas tout de suite à la maison en lui précisant nos projets à Elysa et moi. Bizarrement je ne tarde pas à recevoir une réponse, pourtant elle devrait être en cours vu qu'il n'est que 16h. J'ouvre le message rapidement.
« D'accord ma chérie, ne tarde pas à rentrer à la maison il faut qu'on parle rapidement. Appel moi pour venir te chercher si besoin. »
Alors là, faire plus étrange comme message c'est dur. Je décide de ne pas trop me poser de questions, je verrai bien ce soir. Je me tourne vers Elysa et lui dis en souriant qu'on peut y aller.
- Tu veux faire quoi en premier ?
- Je sais pas, je ne connais pas grand chose d'ici, alors je te suis et je te fais confiance, lui dis-je en lui faisant un clin d’œil.
- D'accord ! Alors c'est partie !
Elle me prend la main et nous entraînes dans les rues marchandes. Durant toute la fin de journée c'est à dire en fait jusqu'à 18h30, nous faisons une par une les boutiques à la recherche de perles rares, mangeons une glace et pour finir nous nous arrêtons à la terrasse d'un bar pour boire un verre de soda. Cette après-midi avait été géniale en sa compagnie et tellement apaisante, il est si naturel de parler avec elle, et elle est si attentionnée, elle est définitivement une bonne personne. Nous avalons la dernière gorgée de notre verre en nous souriant, et elle se penche vers moi en ne quittant pas mon regard. Elle devient de plus en plus proche de moi que je peux sentir son souffle. Puis elle se recule et regard sa montre. Il vient de se passer quoi ? J'ai le cœur qui bat tellement vite.
- Il se fait tard, je te raccompagne ou tu préfères appeler ta mère pour éviter de marcher, demande t-elle en rigolant.
Je me lève et lui tend la main pour qu'elle la prenne, ce qu'elle fit en me souriant de toute ses dents, heureuse que l'on puisse passer encore quelques temps ensemble, notre amitié est vraiment partie pour durer et j'espère que ce sera le cas. Nous marchons alors à travers les rues en direction de chez moi. Si je savais ce qui m'attendait je me prendrais plus de temps à marcher, mais je suis de nature trop curieuse et je me demande de quoi ma mère peut bien vouloir me parler.
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