Je rentre légèrement agacée dans ma salle de classe, Eva a eu la bonne idée de m'envoyer un simple « désolée » par message sans explication. Je repère rapidement la chevelure blonde d'Elysa, mais au dernier moment Emma me fait un grand signe pour que je m'assois à côté d'elle. Elysa ne m'a pas encore remarqué. J'accepte la demande d'Emma, en m'asseyant je lance un dernier regard vers Elysa, elle me regarde avec incompréhension et ses yeux se font soudainement froids. Manquait plus que ça... Je lui fais un petit sourire désolée, elle hausse les épaule feignant l'indifférence et baisse son regard sur son cahier. Emma me fait un grand sourire à côté de moi, elle me raconte tout un tas de choses qu'elle a fait hier soir et me parle de son petit ami Matt, elle me dit qu'elle me le présentera puis, voyant mon air détaché se concentre un peu plus sur moi. Elle me fixe carrément en faite.
« Et toi t'es sûre que ça va ?
- Oui pourquoi ?
- Depuis tout à l'heure tu m'écoutes mais tes mains sont en train de complètement détruire ta gomme... », dit elle en levant un sourcil moqueur.
Je baisse les yeux sur mes mains et je vois effectivement ma gomme en charpie entre mes doigts.
« Oh... Oui ça va... c'est juste un problème de famille banal, répondis-je gênée en reposant ma gomme dans ma trousse.
- Raconte, dit elle dans un sourire tendre.
- Je me suis disputé avec ma sœur hier soir, enfin elle s'est énervée sur moi surtout, sans raison ou en tout cas je ne les comprend pas, et ce matin elle m'envoie juste un « désolée » sans me donner la moindre explication. Juste un « désolée », ça n'excuse rien ça...
- Ah mince... Je savais pas que t'avais une sœur. Elle a quel âge ? »
Emma est vraiment gentille, sa tentative de changer de sujet pour dévier mon esprit du problème me touche vraiment.
« 17 ans comme nous, mais elle est restée habiter avec mon père le temps qu'il finisse son travail. »
Durant tout le cours je lui raconte un peu ma vie, qu'avant j'habitais en Amérique, que mon père est dans l'armée, et même contre tout étonnement je lui raconte même que ma mère est professeur dans le lycée. Elle me fait rire de temps en temps. Je sens le regard lourd d'Elysa dans mon dos, je sais qu'à la fin du cours je vais devoir encore la rassurer sur sa position irrévocable d'amie. La paranoïa la tuera. Quand la sonnerie retentit au bout de ces deux heures de français avec un professeur totalement dur de la feuille et particulièrement ennuyant, Emma me fait un bisou sur la joue et me dit qu'elle va voire son copain durant la pose, elle me propose de l'accompagner mais je jette un coup d’œil à Elysa et lui dis que j'ai d'autres choses à faire.
« Une autre fois. J'ai une paranoïaque à gérer !
- T'inquiète pas, à tout à l'heure Amy, me répondit elle en souriant.
- A tout à l'heure ! »
Je me dirige vers Elysa qui m'attend un peu plus loin, l'air agacé. Quand j'arrive à sa hauteur je décide de pas prendre compte de son air ronchon et la prend dans mes bras, elle se tend au départ, surprise puis répond à mon étreinte. Je me détache doucement d'elle et la regarde en souriant.
« C'est bon Emma a fini de te voler à moi ? Lance-t-elle, sarcastique.
- Elysa... personne ne me vole à personne. Et Emma est très gentille tu sais, elle est partie rejoindre son petit ami pour la pause.
A cette information, elle semble se détendre et un petit sourire né sur son visage.
- Oui mais j'aurais pu passer deux heures de plus avec toi, mais à cause d'elle c'est raté, dit elle dans une moue boudeuse qui me fait rire.
- Rho tu es irrécupérable, répondis-je faussement blasée. Promis je serai à côté de toi dans les prochains cours si il n'y a que ça pour te faire plaisir. On dirait une enfant de 5 ans.
- Ouais ! Ça me va parfaitement même !
- Tu es exaspérante... lançai-je en levant les yeux au ciel. Mais c'est étrangement adorable...
- Je sais bien, mais c'est pour ça qu'on m'aime, répondit-elle en faisant un clin d’œil.
- Prend pas tes rêve pour la réalité.
Je lui pousse doucement l'épaule pour l’embêter.
- Et sinon toi ça va ? T'avais l'air préoccupée en début de cours.
Son ton empreint d’inquiétude me fait sourire tendrement, mais je me rappel vite la raison de ma ''préoccupation'' et je le perd rapidement avant de répondre platement :
- Oui oui rien de grave ni d’intéressant non plus.
- Tu sais que tu peux tout me dire hein ? Même si c'est pas intéressant je veux bien savoir ce qui te préoccupait moi... répondis-t-elle en faisant une moue enfantine.
- Non je t'assure c'est rien, c'est juste ma sœur.
- Ta sœur ? Ah oui elle n'est pas au courante de cette information là...
Elle hausse un sourcil mécontent face à cette nouvelle information.
- Pourquoi tu ne m'as pas dis que tu avais une sœur ?
Son ton de reproche me fait frissonner, ils ont quoi tous en ce moment à réagir au quart de tour pour des choses peu importantes.
- Parce que c'est pas comme si c'était la chose la plus importante au monde. Et puis dois-je te rappeler que ça ne fait pas si longtemps qu'on se connaît ?
- Bah c'est important, c'est ta famille. Oui oui... Et elle a quel age ?
- 17 ans, comme nous mais elle est restée aux USA avec mon père.
- Tu as... Vous avez le même âge ? Vous...vous êtes jumelles ?! Oh mon dieu ! Deux Amy trop bien !
- Calme toi, dis-je en rigolant. On est fausse jumelle, on se ressemble vraiment pas, c'est plutôt étonnant, elle est brune et moi blonde, elle a les yeux gris et moi verts. Tu vois ? On se ressemble pas.
- Oh dommage...
- Et pourquoi ça ? Demandais-je suspicieuse. Cette fille est vraiment perchée !
- Pour rien...pour rien.
Elle se balance sur ses jambes.
- Et que t'a-t-elle fait ? Reprend-t-elle.
- Elle s'est énervée pour rien hier soir et ce matin m'a juste envoyé ''désolée'' sans m'expliquer.
- Elle s'est énervée ? Beaucoup ?
- Oui...
- Après que tu lui ais dit quoi ? Dit elle en rigolant.
- Ce n'est absolument pas drôle. Et puis c'est après que je lui ais parlé de toi... Donc voilà. Et TOC !
- Hein ?! Pourquoi ?! Qu'ais je fait pour que ta sœur s'énerve par ma faute ?!
Ses yeux sont écarquillés par son étonnement et se rapproche soudainement de moi pour une meilleure attention.
- Je sais pas... Pas si près...
- Tu lui as dis quoi sur moi pour qu'elle réagisse comme ça ? Parce que je ne me souviens pas t'avoir fait du mal ou quoi que ce soit d'autre.
Je lui explique alors le déroulement de ma conversation avec Eva, elle passe de l'étonnement à l’incompréhension pour finir par un air embêté. C'est qu'Eva n'avais pas de raison de s'énerver après tout Elysa n'a jamais rien fait de mal en ma présence.
- Elle a donc pas apprécié que tu me prennes dans tes bras ?
- Oui je crois que c'est cela. Enfin je suis pas totalement sure.Peut être pas, ça me paraît un peu gros comme raison. Mais tu sais Eva a toujours été très protectrice envers moi, il faut juste qu'elle comprenne que j'ai rien à craindre avec toi. Je pense aussi qu'elle a peur pour moi, que je recommence a avoir peur des gens comme avant. Du moins c'est ce que je pense. Quand j'étais plus jeune je me suis faite agressée dans la rue par un homme jusqu'à ce que mon père et Eva vienne m'aider et suite à ça je laisser personne m'approcher surtout les hommes. C'était compliqué...Bon dieu pourquoi je lui raconte ça aussi facilement...
- Tu as été...sa voix se bloque dans sa gorge l'empêchant de finir sa phrase tant la crainte l'a envahis.
- Non non ! On m'a seulement frappé et dieu merci... Mais j'ai quand même suite à ça eu du mal à... refaire confiance, c'est même tout récent... Tu es la première pour le moment avec qui j'ose être aussi proche en fait. Et maintenant Emma aussi mais beaucoup moins qu'à toi bien sure. C'est assez nouveau pour moi même...
- Oh je suis flattée ! Dit elle avec un sourire aguicheur.
- Rho, bref. Du coup je pense qu'elle a peur que tu me fasses du mal, enfin c'est que mon avis. C'est seulement une hypothèse. Son emportement m'étonne vraiment...
- Mouais.
- Quoi ?
Elle plonge son regard dans le mien et quelques minutes s'écoulent avant qu'elle réponde en détournant les yeux :
- Elle est peu être simplement jalouse.
- Jalouse ? Mais de quoi ? Jalouse ?!
Je hausse les sourcils d'incompréhension, de quoi Eva pouvait elle bien être jalouse ? Elysa et une amie et Eva ma sœur. Et puis c'est pas comme si j'allais arrêter de la prendre dans mes bras juste parce que j'ai une nouvelle amie. Alors quoi ? Elle veut peut être simplement être là pour me protéger mais elle ne le peut pas ?
- Non laisse je divague, répond-t-elle en m'adressant un grand sourire.
- Eva n'est pas jalouse c'est ma sœur. Je vois pas de quoi elle pourrait être jalouse.
- Oui tu as raison. Je me fais des films laisse tomber.
La discussion se termine interrompue par la sonnerie résonnant dans le couloir. On se dirige lentement vers notre prochaine salle reprenant mon sourire perdu. Je jure de trouver la raison de l'emportement d'Eva coûte que coûte.
Les cours suivants se passent relativement bien et quand la dernière sonnerie annonçant la fin des cours se fait entendre, c'est avec joie que tout les élèves sortent de l'établissement. Je sors de la salle de classe en prenant mon temps, l'idée de me retrouver dans la marée d'élèves ne m'enchante en rien. Elysa est là à m'attendre, toujours souriante, arrivée jusqu'à elle elle me demande si on peut y aller et je lui fais signe que oui. Elle sent mon malaise avec la foule et pose une main sur ma taille me protégeant de son autre main le temps que l'on sorte à notre tour de l'établissement. Une fois dehors elle se tourne vers moi hésitante :
- Ça te dit qu'on aille se promener et boire un verre ou manger une glace ? Mais si tu ne peux pas c'est pas grave hein...
Je la regarde, attendrie par sa gène, je réfléchie une seconde et accepte sa proposition :
- Avec plaisir, ça me changera les idées. Il faut juste que je prévienne ma mère que je ne serai pas tout de suite à la maison, je devais prendre le bus ce soir vu qu'elle finit plus tard.
- D'accord ! Super, je t'attend.
Je sors mon portable et déverrouille l'écran. 5 appels manqués. 3 de maman et 2 de papa. Si c'était important il auraient laissé un message non ? Elysa doit apercevoir l’inquiétude sur mon visage puisqu'elle se penche vers moi et me demande si tout va bien.
- Oui oui, juste mes parents qui ont essayé de me joindre ce midi mais j'avais éteins mon portable toute la journée. C'est rien.
J'envoie un message à ma mère comme quoi je rentrerai pas tout de suite à la maison en lui précisant nos projets à Elysa et moi. Bizarrement je ne tarde pas à recevoir une réponse, pourtant elle devrait être en cours vu qu'il n'est que 16h. J'ouvre le message rapidement.
« D'accord ma chérie, ne tarde pas à rentrer à la maison il faut qu'on parle rapidement. Appel moi pour venir te chercher si besoin. »
Alors là, faire plus étrange comme message c'est dur. Je décide de ne pas trop me poser de questions, je verrai bien ce soir. Je me tourne vers Elysa et lui dis en souriant qu'on peut y aller.
- Tu veux faire quoi en premier ?
- Je sais pas, je ne connais pas grand chose d'ici, alors je te suis et je te fais confiance, lui dis-je en lui faisant un clin d’œil.
- D'accord ! Alors c'est partie !
Elle me prend la main et nous entraînes dans les rues marchandes. Durant toute la fin de journée c'est à dire en fait jusqu'à 18h30, nous faisons une par une les boutiques à la recherche de perles rares, mangeons une glace et pour finir nous nous arrêtons à la terrasse d'un bar pour boire un verre de soda. Cette après-midi avait été géniale en sa compagnie et tellement apaisante, il est si naturel de parler avec elle, et elle est si attentionnée, elle est définitivement une bonne personne. Nous avalons la dernière gorgée de notre verre en nous souriant, et elle se penche vers moi en ne quittant pas mon regard. Elle devient de plus en plus proche de moi que je peux sentir son souffle. Puis elle se recule et regard sa montre. Il vient de se passer quoi ? J'ai le cœur qui bat tellement vite.
- Il se fait tard, je te raccompagne ou tu préfères appeler ta mère pour éviter de marcher, demande t-elle en rigolant.
Je me lève et lui tend la main pour qu'elle la prenne, ce qu'elle fit en me souriant de toute ses dents, heureuse que l'on puisse passer encore quelques temps ensemble, notre amitié est vraiment partie pour durer et j'espère que ce sera le cas. Nous marchons alors à travers les rues en direction de chez moi. Si je savais ce qui m'attendait je me prendrais plus de temps à marcher, mais je suis de nature trop curieuse et je me demande de quoi ma mère peut bien vouloir me parler.
Je vois sa silhouette apparaître à l'écran et mon cœur se met à battre rapidement. Mon dieu qu'elle m'a manqué. Toujours aussi jolie malgré son petit air froid figé par habitude sur son visage. Quand elle m’aperçoit un sourire illumine son visage. Je la vois se redresser sur son siège de bureau, derrière elle sa chambre n'a pas changé, un sentiment nostalgique m'envahit. Mais sa voix qui retentit dans l'appareil me réchauffe tout de suite le cœur.
« Am' ! Lance-t-elle joyeusement. Oh mon dieu j'ai l'impression que ça fait une éternité !
- Evi ! Tu m'as trop manqué ! Dis je à la limite des larmes.
- Tu m'as manqué aussi, répondit elle dans un petit sourire.
- Tu aurais pu me donner des nouvelles plus tôt... Mon air triste lui retire tout de suite son sourire.
- Oui je sais je suis désolée, avec la reprise des cours et mon retour je n'ai pas eu beaucoup de temps pour moi, s'excuse-t-elle en détournant le regard pour cacher une éventuelle preuve qu'elle ne disait pas toute la vérité.
- Hmm... D'accord. Bon et comment ça se passe au lycée ?
- Oh ça va tout le monde est heureux de se retrouver, dit elle avec un petit sourire taquin.
- Oh je vois... Je suis déçue de ne manquer à personne, je baisse les yeux sur mon clavier et tortille mes doigts entre eux.
- Am' je rigole ! Évidemment tu manque à tout le monde ! Répondit elle en lui souriant sincèrement. Tu me manque... Ajoute-t-elle plus doucement.
- Tu me manques aussi Evi. A mes mots je la vois détourner légèrement le regard, avant de retrouver son hypnotisant regard gris.
- Et toi ? Ton lycée il est bien ? Tu t'ai fait des amis ? Demande-t-elle rapidement.
- Calme toi, dis je en rigolant. Oui, c'est plutôt bien. Je me suis fait deux amies pour le moment, elles sont vraiment sympas. Surtout Elysa, elle m'a tout de suite aidé dans le lycée, elle est vraiment gentille et très intéressante. Elle est super drôle aussi, je suis sûre que tu l'apprécierais. Et puis elle me conseille aussi sur les gens pas fréquentable, comme un mec qui s'appelle Lucas, avec lui je me sens comme un bout de viande. Elle l'aime pas, tu aurais vu le regard noir qu'elle lui lance à chaque fois qu'elle le croise. Elle le dissuade de m'approcher. Elle est vraiment adorable. Du coup je fais ce qu'elle me dit et j'évite ce type. Elle est vraiment gentille avec moi, elle s'inquiète pour moi et je crois qu'elle tient beaucoup à notre amitié. Je parle vite et en faisant de grand geste avec mes mains pour imager mes paroles, je ne remarque pas qu'Eva a perdu son sourire depuis un bon moment et qu'elle me fixe d'un regard indescriptible. Maman aussi était étonnée que je m'entende bien si rapidement avec quelqu'un, surtout quand elle a vu que je l'avais prise dans mes bras quand je lui ais dis au revoir, maman ma posé tout pleins de... Eva se lève brusquement de sa chaise me coupant dans mon monologue, le regard remplis d'une colère que je ne comprend pas vraiment. Elle est énervée et hausse la voix :
- Tu as quoi ?! Tu l'as prise dans tes bras ?!
- Evi ? Il se passe quoi là ?
- Tu lui as fait un putain de câlin ?!
- Eva calme toi... Pourquoi elle réagit comme ça pour un simple câlin ?
- Que je me calme ?!
- Mais qu'est ce qui t'arrive ? C'est juste un câlin, Je ne comprend pas sa réaction.
- Ce qui m'arrive ?! C'est pas juste un câlin ok ! T'as pas vu comment tu fais son éloge à cette fille ! Mais c'est qui celle là !
- Eva... pourquoi tu te mets dans cet état je comprend pas.
- Non tu comprend pas ! Tu comprend jamais ! Je suis pas d'accord !
Sur ces mots la conversation se ferme. Je reste là à regarder l'écran devenue noir de mon ordinateur. Ces quoi ce délire ? Qu'est ce qu'il vient de se passer là ? C'est la première fois que je voyais Eva énervée à ce point et j'en comprenais pas la raison. Je reprend mes esprits, triste que notre première conversation depuis des mois se passe comme cela, puis je ferme mon ordinateur et le pose sur mon bureau toujours perturbée par cette dispute à sens unique. Je décide de descendre me réconforter dans les bras de ma mère. Dans l'escalier j’entends ma mère hausser la voix, visiblement au téléphone à se disputer.
« Non calme toi je comprend rien à ce que tu me raconte !....Oui et alors Amy a le droit d'avoir des amis non ?!.... Calme toi Eva !....Si tu te calme !....Oui moi aussi j'ai été surprise et alors ?! »
Eva ? Non mais... Quoi ? C'est pas vrai qu'elle se dispute avec ma mère juste pour ça ? Je comprend vraiment plus rien... Je passe la tête dans l'ouverture de la porte pour voir ma mère. Elle est là à faire de grand geste frénétiques en criant, le visage barré par l'inquiétude et la colère.
« Non Eva je vais sûrement pas la changer de lycée !... Je m'en contre fiche ! Ce n'est pas toi qui décide Eva !... Non je comprend pas c'est sûr ! Explique toi !... Oui si tu explique pas c'est clair que je ne comprendrai jamais !... Pourquoi tu parles de ça maintenant !? Tu étais d'accord avec nous de rien lui dire alors ne rejette pas la faute sur nous !! Et puis là n'est pas la question !... Non tu ne peux pas débarquer comme ça ! Thomas rentre dans longtemps ?... Eva ! Écoute moi ! Amy t'a dis qu'elle était contente de son lycée et de ses nouveaux amis non ? Alors où est le problème ?... Quoi Elysa ? Quel est le problème avec elle, elle m'a l'air très gentille...Rhooo encore ça ? Écoute Amy a le droit de prendre d'autres personnes que toi dans ses bras Eva... Calme toi ! Tu commences à vraiment m'énerver jeune fille ! On t'a pas élevé comme ça que je sache alors tu redescends !... Non tu vas sûrement pas prendre un vole pour la France ce soir ! Tu vas attendre ton père et parler avec lui!Je me suis bien faite comprendre !... Eva ! Est-ce que je me suis bien faite comprendre !?... Bien maintenant il est tard donc je vais aller me coucher, je sais pas qu'elle heure il est chez vous mais tu as aussi sûrement d'autre chose plus importante à faire !...Bisous Eva, je t'aime ma chérie... mais oui t'inquiète pas. »
Ma mère raccroche et pose son portable avant de passer une main sur son visage signe d'épuisement tant physique que psychologique. J'avance dans le salon et me racle la gorge pour signaler ma présence. Elle se retourne rapidement et à ma vue se redresse et m'offre un grand sourire. Elle voit ma mine triste et s'approche de moi avant de me prendre dans ses bras pour me réconforter.
« Je crois que ce soir ta sœur était sur les nerfs, dit elle dans un clin d’œil pour détendre l'atmosphère.
- Qu'est ce qu'il s'est passé ? Je n'ai rien compris... Je lui ai parlé d'Elysa et là elle s'est énervée et a complètement pété un câble...
- Je sais pas... » répondit ma mère en tournant la tête vers le couloir.
Je sais qu'elle me ment, elle ne me dit pas tout mais je lui fait confiance et ne relève pas. Je baisse les yeux et enfouie ma tête dans son coup pour un câlin réconfortant.
« Bon jeune fille au lit demain il y a école !
- Oui, bonne nuit maman », dis je en l'embrassant sur la joue.»
Je remonte dans ma chambre, me mets en pyjama et m'écrase sur mon lit. Le sommeil ne vient pas tout de suite, trop mouvementée par la dispute avec Eva, je regarde le plafond en réfléchissant à son comportement bizarre. Dans toute cette agitation Elysa avait réussi à sortir de ma tête. Je souri à cette pensée. Visiblement ça n'avait pas duré longtemps. Pourquoi s'emporte-t-elle juste pour une simple étreinte avec une amie ? Elysa est quelqu'un de bien j'en suis sûre et je lui fais confiance. Elle devrait être contente pour moi que je me fasse une amie aussi rapidement étant donné que d'habitude je suis plutôt craintive avec les gens. Un nouveau pays, un nouveau lycée et une nouvelle vie pour moi. Je sais que j'ai plus rien à craindre j'ai travaillé dur avec papa pour obtenir ce résultat et avoir plus confiance en les gens. Eva devrait être heureuse pour moi et pourtant non elle se met même en colère... Je m'endors à cette pensée triste.
Après une nuit dépourvu de rêve, je me réveil au son de mon portable. Je m'assois sur mon lit et étire mes bras paresseusement. J'entends déjà ma mère s'affairer dans la cuisine. Je m'habille rapidement d'un jean slim noir et d'un chemisier bordeaux, me coiffe rapidement les cheveux et les attaches négligemment dans un chignon puis sort de ma chambre. Je salut ma mère d'un bisou sur la joue et m'assois autour de l'îlot, elle pose une assiette de toast devant moi que je dévore en silence en buvant mon éternel thé noir aux fruits rouges avec une cuillère de miel. Ma mère hausse un sourcil amusée par mon petit rituel du matin.
« Bien dormi ? Me demande-t-elle.
- Normal, répondis-je platoniquement sans lever le nez de ma tasse.
- T'inquiète pas pour Eva ça va s'arranger, ton père m'a appelé il a dit qu'il avait parlé avec elle.
- Hum, ok, dis je cachant mon intérêt du mieux que je peux.
- Arrête Amy je sais qu'elle t'a blessé hier soir...
- Et alors ? Ça arrive entre sœur de se prendre la tête, c'est bon c'est déjà oublié.»
A ces mots je descends de ma chaise et monte pour finir de me préparer, je prend mon sac et rejoins ma mère qui m'attend déjà dans la voiture. Elle démarre et nous partons de la maison vers le lycée.
Arrivée à la voiture, ma mère m'interroge du regard. J'évite sciemment celui-ci et m'assois côté passager. Je sens son regard sur moi et pose enfin mes yeux sur elle quand je vois qu'elle n'est pas décidée à démarrer.
- C'était qui, me demande-t-elle, suspicieuse.
- Une amie que je me suis faite aujourd'hui, elle est dans ma classe et très gentille. Elle s'appelle Elysa.
Je lui répond évasivement et reporte mon attention sur mon sac à dos que j'avais posé entre mes jambes.
- Elle doit vraiment l'être... lance-t-elle pensivement.
- Pourquoi dis-tu ça ?
Je tourne vivement la tête pour reporter mon regard plus qu'interrogateur sur elle, elle regarde la route devant elle en démarrant enfin la voiture et commence à rouler tout en me lançant :
- Et bien il est rare que tu sois aussi proche de quelqu'un comme j'ai pu le voir avec cette fille. Je veut dire que d'habitude tu es plutôt solitaire et pas très démonstrative dans tes sentiments. Et comprend moi, je viens de te voir lui faire un câlin, chose que même nous, ta famille, avons du mal à te soutirer. Alors, elle doit vraiment être quelqu'un de très gentil pour que tu lui accorde autant d'attention en à peine une journée. Normal que cela m'étonne.
- Ah...Eh bien... Oui elle est vraiment gentille. Je sais pas, je sens que je peux lui faire confiance. C'est... étrange.
- Tant mieux pour toi ! C'est super si tu t'aie déjà fait une amie. Tu as fais d'autres rencontres ?
- Hum, oui, il y a une fille Emma qui est aussi dans ma classe, et un garçon, Lucas qui lui me mets mal à l'aise...
- Ah bon ? Pourquoi ça ? Que t'a-t-il fait ? Me demande-t-elle à la limite de l’affolement.
- Rien, rien c'est juste son attitude, j'ai la sensation d'être un bout de viande avec lui.
- Un bout de viande ? Il te dévore des yeux ?
- Heu non, je crois pas, dis-je plus pour me convaincre moi même. Quoi qu'il en soit Elysa ne l'aime pas, c'est qu'il doit y avoir une raison. Alors je vais l'éviter du mieux que je peux.
Mon ton est déterminé. Si Elysa ne l'aime pas c'est forcément que Lucas a quelque chose à se reprocher par rapport à elle, et je n'ai aucune envie de fricoter avec un gars aussi mal polie que lui de toute manières. Ma mère me regarde amusée.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Rien c'est amusant de te voir aussi déterminée, je plains ce pauvre garçon, dit elle en rigolant.
Durant le reste du trajet, le sujet de conversation c'était tournée vers le déroulement de la journée de ma mère, les professeurs que j'ai et sur le potentiel séjour de papa à la maison. J'aimerai beaucoup les revoir lui et Eva. Ma sœur me manque, je peux pas le nier. Pourtant nous ne sommes pas si proche que ça mais, elle a toujours eu, comme mon père, une attitude protectrice et possessive envers moi. Je les ai pas vu depuis 4 mois, et ils me manquent énormément.
Quand la voiture se gare enfin devant notre garage, je saute de la voiture et entre rapidement dans la maison direction ma chambre. Je jette mon sac sur mon lit, suivi de près par mon corps, qui s’étale de tout son long sur le matelas douillé. Mes pensées s'égarent sur les souvenirs de cette première journée, puis rapidement vers Elysa. Je me demande ce qu'elle fait en ce moment...Qu'est ce que ça peut me faire sérieusement ? Je me redresse d'un coup. Elle fait ce qu'elle veut, faut que j'arrête de penser à elle moi. Je retombe lourdement sur mon lit. Mais j'étais tellement bien dans ses bras tout à l'heure... Quoi !? Je me redresse de nouveau rapidement au point de me faire tourner la tête. J'étais bien ?! Non mais je divague complètement moi ! Reprend toi Amy ! N'importe quoi ! Je me lève dans le but de me changer rapidement les idées, afin de sortir Elysa de mes pensées. Mais c'est sans compter sur mon téléphone qui vibre, m'annonçant la réception d'un messages. Je me jette dessus sans vraiment savoir pourquoi et le déverrouille rapidement. Le prénom d'Elysa s'affiche sur l'écran. J’appuie sur la notification et le message s'ouvre en grand :
« Hey ! Bien rentrée ? Ta ''maman'' t'a pas trop fâchée ? ;) »
Okay elle se moque ouvertement de moi, elle va voir celle là ! J'entreprends alors d'écrire rapidement une réponse sur mon téléphone :
« Oui bien rentrée. Non ma ''maman'' comme tu dis m'a posé plein de questions sur toi. »
Sa réponse ne tarde pas à arrivée dans un vibrement de la part de mon téléphone :
« Quoi ?! Quelles questions ?! »
« Je te dirai pas ;) »
Je décide de bien la faire mariner pour me venger pour s'être moqué. Elle veut jouer, on va jouer.
« Amy ! »
« Elysa ! »
« Dis moi s'il-te-plaît ! »
« Il ne me plaît pas. ;) »
« Quoi !? Mais... :o »
Je crois qu'elle a bien compris ma petite vengeance, je lui note donc une petite information pour commencer.
« Elle m'a demandé qui tu es. »
« Et tu lui as répondu quoi ? »
Sa question me surprend un peu, qu'aurais-je pu dire d'autre à ma mère à part qu'elle soit une amie.
« Bah une amie que je me suis faite, que voulais tu que je lui dise »
« Heu oui évidemment, et c'est tout ? »
« Non »
« Qu'attend tu pour me dire la suite alors !!!! »
Son empressement me fait sourire, cette fille est irrécupérable mais tellement amusante. Et je prend un malin plaisir à l’embêter.
« Bah tu l'a pas demandé. ;) »
« Amy, puis-je savoir ce qu'elle t'a demandé ensuite ? >< »
« Oui tu peux, Elle m'a dit que tu devais vraiment être quelqu'un de très gentil pour que je te prenne dans mes bras »
« Quoi ? Pourquoi ? »
« Parce que c'est pas une chose que je fais avec n'importe qui, et donc j'ai passé un moment à me justifier. »
« Hum je suis une privilégiée intéressant »
« Le retour de la fille qui trouve tout intéressant ! »
« ;) Et après ? »
« J'ai parlé d'Emma et de Lucas, elle m'a demandé qui d'autre j'avais rencontré »
« Ah et ? »
« Et quoi ? J'ai dis que Lucas me mettais mal à l'aise, que tu l'aime pas et que du coup je vais l'éviter. »
« Ça c'est une bonne nouvelle ! Et pour Emma que lui as tu dis sur cette fille ? »
Sur ''cette'' fille ? Je pense qu'Elysa a un sérieux problème avec Emma, je pensais pourtant avoir été claire.
« Rien j'en ai pas vraiment parlé. »
« Hum d'accord. Bon je te laisse ma mère m'appelle, à demain. »
« A demain.:) »
Je repose mon téléphone sur mon bureau et souffle un grand coup. Bon et bien si je voulais l'oublier c'est raté... Je fixe un long moment mon portable, plongée dans mes pensées. Il faudra que je la questionne sur Emma, j'aimerai comprendre son comportement à son égard. J’entends ma mère m'appeler depuis le bas de la maison. Je sors de ma chambre lui signalant que j'arrive et descends les quelques marches et la rejoins dans la cuisine, la trouvant appuyée sur l’îlot central, le téléphone pressé contre son oreille et un grand sourire figé sur son visage. Voir ma mère aussi resplendissante de joie me gonfle le cœur. La raison de son bonheur ? Mon père à l'autre bout du fil. Elle fini sa conversation avec de nombreux « je t'aime » et autres mots doux. Elle pose le téléphone sur le plan de travail et vient me prendre dans ses bras, un grand sourire toujours présent sur son visage.
- Ton père vient de me dire qu'il va bientôt avoir une permission de quelques mois, me dit elle en se détachant légèrement, sa voix trahissant son émotion.
- Trop bien ! Il t'as pas dis quand ? Et Eva elle viendra aussi ? Ça serait super elle pourrait venir au lycée avec moi ! Dis je tellement heureuse par cette nouvelle.
- Calme toi, il ne sais pas encore à partir de quand, ça va dépendre de la fin de l’entraînement des recrues dont il avait la charge. Pour ce qui est d'Eva, il ne m'a rien dit, tu sais elle est peut être bien là bas, elle aussi elle a des amis et elle ne veut peut être pas déjà en être séparée. Tu comprends ?
- Oui... mais ça serait super si je pouvais la voir... dis je un peu déçue.
- Je sais que la décision qu'on a prise n'a pas été très facile pour vous deux et que vous vous manquez mutuellement. Mais tu pourras toujours aller voir durant les vacances si tu le veux. Avec ton père on est désolés de vous faire ça à toute les deux.
- C'est pas grave, on comprend... On savait à quoi on s'engageait en faisant ce choix. On ne vous en veut absolument pas maman, répondis je rapidement en la serrant dans mes bras.
- Je demanderai à ton père pour savoir si elle vient tout de même, si elle accepte je verrai avec le principale si elle peut intégrer ta classe le temps de leur séjour. Okay ma puce ?
- Oui !
- Bon pour le moment il faut manger et pour ça faut cuisiner, et avec l'appel de ton père j'ai pris du retard moi, dit elle en rigolant.
Je l'aide à préparer le repas et mets la table pour nous deux. Une fois le repas totalement engloutis je monte dans ma chambre faire le peu de devoir que j'avais en ce premier jour de rentrée. Une fois que j'ai tout fini je range tout mes cahiers et prépare mon sac pour demain histoire de me donner plus de temps pour rester dans mon lit demain matin. Puis j'ouvre mon ordinateur portable et me connecte machinalement sur Skype dans l'espoir de voir ma sœur connectée. Cela fait longtemps que je n'ai pas pu lui parler. Elle a passé l'été dans un camp de vacance en Amérique, sans son ordinateur, impossible de me donner des nouvelles. Je regarde avec espoir ma liste de contact, mais rien. Son profil n'est pas en ligne... Je me recule de l'écran déçue de ne pas avoir pu lui parler une fois de plus. Maman m'avait dit qu'elle était rentrée depuis 3 jours, et elle ne m'a même pas contacté pour prendre de mes nouvelles...
Ma sœur a toujours été au petit soin avec moi, me défendant à chaque problème. Mais depuis quelques mois je la sent légèrement distante avec moi, et ça m'attriste vraiment, j'aime la complicité que j'avais avec elle. Je m'allonge sur mon lit le regard fixé au plafond et je repense à tout les moments magiques que j'ai passé avec elle. Au collège on a toujours été dans la même classe et jusqu'en fin première nous l'étions encore, mais voilà nous devions partir et ma sœur a fait le choix de rester avec notre père avec qui elle a toujours été très proche. Je me souviens le nombre de fois où j'ai dû l'aider dans ses devoirs car elle préférait s’entraîner au basket que les faire, mais j'avais beau la sermonner elle ne m'écoutait jamais. Une sonnerie que je n'attendais plus retentit dans ma chambre depuis mon ordinateur, le son distinctif d'un appel, je me redresse rapidement et m'installe avec hâte sur mon lit, mon ordinateur en face de moi, caméra en marche. Je me recoiffe rapidement et accepte l'appel.
J'ouvre la porte de la salle des professeurs et passe ma tête dans la pièce pour tenter d’apercevoir ma mère. Un vieil home me demande si j'ai besoin de quelque chose, je lui répond donc que je cherche le professeur Van Hossen, après tout ils ne sont pas tous obligés de savoir qu'elle est ma mère. Il m'indique un groupe de personne près d'une imprimante, ils discutent entre eux, je distingue enfin ma mère parmi les gens du groupe, elle ne m'a pas encore remarqué. J'entre dans la salle et me dirige d'un pas prudent vers elle et ses collègues. Elle me voit enfin et me fait un grand sourire. Elle s'excuse auprès de ses collègues avant de venir vers moi, elle me prend dans ses bras. Devant tout le monde... Les regards sont posés sur moi, ils n'ont pas l'air de comprendre, ma mère s'en aperçoit.
- C'est ma fille désolée vous savez ce que c'est, impossible de résister, dit elle en riant.
Ils paraissent tous soulagés. Ils croyaient quoi ? Ma mère reporte son attention sur moi.
- Alors ? Ça va ? Personne ne t'embête ?
- Oui ça va, non évidemment que non tu me connais, dis-je avec un clin d’œil.
- Bon, alors tu n'as tué personne j'espère ?? dit elle faussement inquiète.
- Maman...
- Ok ok ! Alors comment ça se passe ?
- Bien ça va.
- Tu n'es pas sensée être en cours actuellement ?
- Bah normalement si, on devrait avoir sport mais vu que personne n'a ses affaires ils ont décidé qu'on pouvait partir.
- Oh d'accord, donc là tu as fini ?
- Oui !
Je lui fais un sourire qui voulait tout dire.
- Bon... j'ai encore une heure et on rentre, okay ?
- Oui, en attendant je vais aller faire une petite visite des lieux et tenter de trouver la bibliothèque, dis-je en souriant.
- Bonne idée ma puce.
Elle me fait un bisou sur le front et me regarde tendrement.
- A tout à l'heure ma chérie, me dit elle
- A tout à l'heure maman.
Je sors de la salle des profs et referme la porte derrière moi en jetant un dernier sourire à ma mère. Je me dirige vers l'accueil du bâtiment principal et entre dans la cour intérieure. J'inspire profondément l'air encore doux de la fin de l'été. Mon esprit se vide un instant et mes pensées divaguent sur mes sensations corporelles, la douce brise caresse ma peau et les odeurs de saisons envahissent mes narines. J'ouvre les yeux après quelques minutes. Je regarde autour de moi, la cour est déserte. Je cherche du regard une direction logique pour la bibliothèque, je dirige alors vers une large porte qui ouvre sur un long couloir. Je m'avance dans celui-ci, inspectant toutes les portes, j'aperçois enfin une porte à double battant surplombée d'une plaque avec inscrit bibliothèque en lettres argentées.
Je pousse un des deux battants et entre dans la bibliothèque. La salle est immense, des multitudes d'étagères en bois, remplis de livres, créée un gigantesque labyrinthe de la connaissance. Des tables rectangulaires sont disposées à des endroits stratégiques de la salle afin que tout les étudiants puissent travailler dans le calme. En ce premier jour de classe, la salle est presque vide, quelques élèves sont encore là, essayant d'assouvir leur soif de savoir ou encore pour atténuer leur ennuie. Je m'avance dans une des allées. Quel roman vais-je dévorer cette semaine ? Je parcours les étagères une à une à la recherche d'un titre qui attirerait ma curiosité. Plongée dans mes recherches, je ne me rend pas compte qu'une personne me suit et m'observe depuis tout à l'heure. Mes yeux se posent enfin sur un livre dont le titre me pousse à en prendre possession.
- Je l'ai lu celui là, il est bien.
Je sursaute à l'entente soudaine de cette voix et me retourne vivement pour faire face à la personne.
Une jeune fille aux cheveux châtain clairs, qui m'est étrangement familière... Ses cheveux ondulés et ses courbes fines me rappellent soudain que cette fille est dans ma classe. Pire, que c'est cette fille que j'ai observé durant dix bonnes minutes en cours d'Anglais tout à l'heure. Elle me regarde amusée.
- Je t'ai fait peur ? Me demande-t-elle avec un petit sourire.
- Heu oui, je m'attendais pas du tout à ce que quelqu'un vienne me voir et je pensais vraiment être seule.
- Je m'excuse alors, je voulais pas te faire peur. Vraiment.
- Ça va, ne t'inquiète pas je vais m'en remettre, répondis-je avec un petit rire.
- Tant mieux.
Elle me fait un clin d’œil puis reporte son attention sur le livre que j'avais choisis.
- Donc je disais il est bien, elle me sourit.
- Ah ? Bah je pense que je vais le prendre alors.
- Bonne idée, tu me dira ce que tu en as pensé quand tu l'aura fini.
- Avec plaisir, dis-je en souriant.
Elle m'accompagne jusqu'à l'accueil de la bibliothèque pour que je puisse l'emprunter. La bibliothécaire lève les yeux vers moi, son nez est surplombé d'une petite paire de lunettes. Elle me regarde, ou plutôt me fixe. Puis ose enfin me parler :
- Votre nom jeune fille ? Demande-t-elle froidement.
- Oh oui, désolée. Amy Van Hossen, répondis-je timidement.
- Bien.
Elle prend mon livre des mains, l'enregistre dans l'ordinateur en face d'elle et me le tend.
- Retour dans deux semaines.
- Bi-bien...
Son ton froid me déstabilise. Ce que les gens peuvent être antipathiques... Je prend mon livre et rejoins la fille de tout à l'heure qui s'était un peu écartée quand la femme m'avait tendu mon livre. Je suis pas la seule à ne pas aprrécier cette femme à première vu.
- Pas sympas hein ? Me dit elle moqueuse.
- Ouais... flippante même...
- Si tu aimes lire tu aura pas vraiment le choix de la voir.
- Te moque pas de moi...
- Aller viens on va s'asseoir plus loin pour parler sans qu'elle s'en rende compte.
- Je te suis.
On se dirige vers le fond de la bibliothèque, elle s'assoit à une table et je fais pareil, m'installant en face d'elle. Je range mon livre dans mon sac. Elle me regarde faire avant d'ouvrir la bouche et de dire :
- Alors tu t'appelles Amy ?
- Oui exactement, dis-je en lui faisant un clin d’œil.
Elle me tend sa main pour que je la prenne.
- Moi c'est Emma. Emma Leroy. On est dans la même classe.
- Oui je sais, enchantée, dis-je en prenant sa main et en lui faisant un léger sourire.
- Ah ? Tu sais ?
Elle paraît étonnée de cette révélation. Un léger sourire se dessine au coin de ses lévres.
- Heu oui je t'ai... aperçu en anglais. Le ton de ma voix est incertain.
- Oh ? Vraiment ?
- Oui.
Je lui fais alors un grand sourire. On se met à parler de tout et de rien, rigolant sur des anecdotes de temps en temps. Je m'entend rapidement bien avec elle. On s'échange alors rapidement nos numéros. Son visage doux me met en confiance. J’apprends d'elle qu'elle aime sortir et qu'elle fait de la danse. C'est quelqu'un d'assez franc et aussi très moqueuse, mais ça ne me dérange pas, au contraire, je préfère qu'elle soit comme ça plutôt qu'hypocrite. L'heure passe vite, on décide de sortir enfin de la bibliothèque. On arrive donc rapidement dans la cour intérieure. Et on s'installe sur un banc. J’attends un message de ma mère, pour savoir quand elle aura finit. Emma me raconte qu'elle a toujours vécu dans cette ville depuis qu'elle a 5 ans. Elle doit du coup sûrement avoir plein d'amis ici. J’aperçois au loin, une silhouette qui m'est familière. Je distingue rapidement le corps gracieux d'Elysa. Elle me regarde. Je parviens pas à voir les traits de son visages à ce moment là. Elle tourne les talons et se dirige vers la sortie du lycée. Elle me filera pas entre les doigts, pas encore une fois ! Oh que non ! Je m'excuse rapidement envers Emma, lui expliquant que j'avais un truc urgent à faire. Puis me lève et cours après Elysa. Je passe l'accueil rapidement et sors du lycée. Je l'aperçois enfin de dos, marchant sur la grande allée. Je cours vers elle et lui attrape doucement le bras. Elle semble étonnée et se tourne vers moi. Quand elle m'aperçois son regard se voile. Je reprend doucement mon souffle.
- Amy.
Son ton est un peu trop froid à mon goût...
- Hey... Ça va ?
- Oui, pourquoi ça n'irait pas ?
- Heu...Bah je sais pas... Tu paraît un peu distante.
Mon regard est triste, je comprend pas son changement de comportement depuis cet après midi.
- Tu es amie avec Emma ? dit elle l'air contrarié.
- Hein ? Heu oui je crois. Où est le problème?
- Tu crois ?
- Bah on a pas mal parlé et tout, dis-je évasivement.
- Et tu l'as fixé pendant un moment en cours aussi, ajouta-t-elle froidement.
- Heu oui... Elle a remarqué... mais il y a un problème avec cette fille ?
- Non pas du tout, son expression trahit clairement sa vrai pensée. Mais biensur..
- Alors pourquoi tu changes subitement de comportement depuis...depuis que justement je l'ai regardé en cours ? Je veux dire, cette fille et sympas mais tu reste mon amie aussi... non ?
- Bien sûr que oui... c'est pas ça... c'est la façon de comment tu la regardais... bref laisse c'est rien c'est moi qui suis stupide. Je sais même pas vraiment pourquoi je réagis comme ça.
Là je dois avouer que je comprend pas tout. Ais-je louper un épisode?? Je lui prends les mains et la regarde intensément pour essayer de la rassurer.
- Tu n'es pas du tout stupide. Je veux pas que tu penses ça. Et puis cette fille est gentille, je lui ai donné mon numéro, mais...
Je n'ai pas le temps de finir ma phrase que ses yeux se voilent de colère. Oups boulette.
- Tu as quoi ? Tu lui as donné ton numéro ? Comme ça, alors que tu la connais pas ?
- Elysa s'il te plaît calme toi... Je la connais assez pour lui faire confiance, elle semble...gentille.
- Elle semble. Retour de la reine des glaces...
- Tu la connais ?
- Vaguement.
- Alors tu ne peux pas juger Elysa... Si elle me cause des problème je ne pourrai m'en prendre qu'à moi même.
- Elle ne t'en causera pas ou je la massacre.
Sa réflexion me fait sourire. Je lève un sourcil et la toise de haut en bas.
- D'accord tu la massacres, dis-je en riant.
- Je ne lui fais pas confiance moi.
- Alors fais moi confiance.
- A toi oui, c'est pas la question.
- Il faut bien que je me fasse d'autres amis non ?
- Mais...
- Tu restera m'a préféré !
Je lui fais un clin d’œil. Elle paraît se détendre enfin. J'ai pas mentis, après tout j'ai vraiment une forte connection avec cette fille.
- Ne m'ignore plus comme ça, ça fait mal... dis-je un peu tristement.
- Désolée, je sais vraiment pas ce qui m'a prit...
- Je te pardonne alors !
- Merci j'en suis honorée ! Elle me sourit.
Mon téléphone vibre, signe que je viens de recevoir un sms. Je sors mon portable de ma poche et le déverrouille pour lire le texto.
- Un message d'Emma ?
Son ton est redevenu soudainement froid.
- Elysa...Non de ma mère, répondis-je desespérée.
- Ah, souffla-t-elle soulagée.
- Déstresse Elysa, dis-je en rigolant.
- Moui...
- Elle me dit qu'elle est en salle des profs et qu'elle va pas tarder.
- En salle des profs ??
Sa question me fait prendre conscience que je ne l'avais dis à personne encore. Même si, à la base, je ne comptais pas le dire.
- Ah...Oui ma mère est professeur de géographie.
- D'accord je savais pas.
- Normal je l'ai dis à personne, dis-je en souriant.
- Oh donc je suis la première, c'est un honneur !
Son rire cristallin me fait frissonner...et son sourire m'éblouit à chaque fois. Elle en fin retrouvé son humour pas trop tôt!
- Faut croire que je te fais assez confiance, répondis-je en lui faisant un clin d’œil pour la taquiner.
- J'espère bien !
- Évidemment ! Tu es si adorable ! Je lui fais un clin d'oeil.
Je la prend dans mes bras pour souligner mes dires. Son corps se tend soudain à mon étreinte. Son odeur envahit mon nez d'une délicate douceur. Dieu...Je pourrai rester comme cela pendant des heures.. Elle se détend enfin et m’entoure de ses bras. Elle me serre tendrement et pose sa tête contre mon épaule. Aucune de nous deux ne parle. Le silence et ce contact semble nous convenir à toute les deux. Une voiture klaxonne, je m'écarte alors brusquement d'Elysa, un peu trop vite à mon goût. Je tourne la tête vers l'origine du bruit, je vois ma mère me faire de grands gestes depuis l’intérieur de sa voiture. Nous a-t-elle vu ? Pourquoi je m'inquiète... On ne faisait rien de bizarre. Si ? Je regarde Elysa. Elle avait tourné la tête pour regarder elle aussi d'où venait le son. Sentant mon regard sur elle, elle reporte son attention sur moi. Il y a comme une lueur de déception dans son regard.
- Tu dois partir c'est ça ? Me lance-t-elle une pointe de tristesse dans sa voix.
- Oui désolée, c'est ma mère, dis-je pour me justifier.
- T'inquiète pas je comprend hein. On se voit demain de toute manière.
- Oui et puis maintenant tu as mon numéro alors si tu as un problème tu as juste à m'envoyer un message.
A ces mots le visage d'Elysa s'illumina, elle me fait un grand sourire, une pointe de malice dans ses yeux. Elle me dit d'une voix suave :
- Je vais pouvoir te harceler de messages !
- Ça me dérange pas vraiment à condition que ça reste raisonnable, lui dis-je dans un clin d’œil.
- Bien sûre !
Un second coup de klaxonne retentit. Ce que ma mère peut être patiente parfois !! Je regarde Elysa, elle hausse les épaules me faisant comprendre que ce n'est pas grave et que je peux y aller. Je la regarde un moment ne sachant pas trop quoi faire. Elle doit comprendre mon trouble puisqu'elle se rapproche timidement de moi et me fait un léger baiser sur la joue avant de s'écarter rapidement comme si elle s'était brûlée, puis elle me murmure un au revoir et s'en va rapidement sans attendre son reste. J'ai alors comme un sentiment « pas assez ». Puis je me dirige vers mon impatiente de mère qui a écourté ce délicieux moment, certes j'aime ma chère mère mais parfois, comme toutes les mamans, elle peut être vraiment contrariante. Et là c'est le cas. C'est donc d'un pas tout de même léger mais une humeur bloquée par l'insuffisance que j'avance vers ma si patiente génitrice.
J’entends un pas pressé derrière moi et sens une main se poser brusquement sur mon épaule, ce manque de délicatesse me fait penser que mon interlocuteur est de sexe masculin... Je me retourne pour confirmer cette hypothèse et éventuellement voir qui osait me toucher d'une telle façon. Bingo... Je me retrouve dès lors face à Lucas.
- Hey ! Je suis désolé pour... ce qui vient de se passer... tu sais avec Elysa.
- Tu parles de votre petite joute de regards mauvais ? Dis je, sarcastique.
Il se met à rire. Je le regarde totalement ahurie. Qu'est-ce qu'il peut bien y avoir de drôle là dedans... Je le fixe pour lui montrer que je ne suis pas en total accord avec son attitude. Après tout même si je connais pas beaucoup Elysa, je l'apprécie beaucoup. Oui beaucoup.
Il cesse de rire et me fixe. Son regard sur moi me gène légèrement. Je regrette tout de suite d'être sorti de table et d'avoir laisser Elysa derrière moi, car maintenant je me retrouve seule face à ce « chasseur ». Oui un chasseur. Car je me sens comme une proie, un simple gibier face au danger. Il me fixe toujours avec cet air malicieux figé sur son visage en un sourire. Mon instinct m'ordonne de fuir, et de cela rapidement ou la proie que je suis sera vite capturée dans les filets de ce chasseur. Je soutiens durement son regard et commence à tourner les talons. Mais il me retient par l'avant-bras, me forçant à endurer sa présence qui devient de plus en plus gênante. Et, aussi, il faut qu'il arrête d'être aussi brusque ou je ne vais plus répondre de mes actes. Et je n'ai nullement l'envie de finir dans le bureau du directeur, pire au commissariat pour « lésions corporelles non justifiées »...
- Attend, tu me donnes ton numéro ? Me dit il dans un clin d’œil.
Oh non... Comment lui dire qu'il me met vraiment mal à l'aise et que je n'ai pas le désir d'entretenir une quelconque relation avec lui quelle qu'elle soit.
- Je ne crois pas que ce soit une bonne idée...pour le moment. Je n'ai pas envie de risquer de me faire harceler... Je ne te connais pas encore assez après tout... Désolée...Je ne le suis absolument pas. Dis je en feintant un petit air timide et réellement gênée.
- Hum... d'accord, je vois ! Alors on va apprendre à se connaître si ce n'est que ça, et tu me le donnera ! Tu verra je suis beaucoup plus intéressant qu'Elysa.
Il me fait un second clin d’œil et se retourne pour se diriger dans la cafétéria.
Pour qui il se prend ??? Plus intéressant qu'Elysa ?! La blague ! Non mais j'hallucine !
Je reprends mes esprits et me dirige vers mon casier pour me saisir de mes livres pour les cours de l'après-midi. Vivement la fin de la journée... J'ouvre mon casier et prends ce dont j'ai besoin, c'est à dire trois livres. Puis une main se pose délicatement sur mon épaule et un frisson me parcourt l'échine. Aucune violence... Forcément une fille... Je me retourne pour prendre connaissance de la propriétaire du membre qui venait de provoquer en moi une sensation encore indescriptible pour moi. Elysa est face à moi un léger sourire sur le visage, mais son regard trahit ses sentiments. Tristesse. Son regard est empreint d'une lueur triste, la vue de cela me provoque un pincement au cœur...Mais comment diable peut on être aussi jolie même triste... Bon dieu Amy reprend toi !
- Tu es parti vite tout à l'heure, me dit elle inquiète.
- Oui... Je voulais pas vous déranger dans votre petite guerre, dis je ironiquement en lui faisant un clin d’œil.
- Oh...
Son visage est encore plus triste qu'à la minute précédente. Je me rattrape vite :
- Et puis je devais passer à mon casier, dis je en montrant mes livres que je tiens calés sur ma poitrine.
- Je suis extrêmement désolée... entre Lucas et moi c'est pas l'amour fou tu vois... dit elle tristement.
- J'ai cru comprendre oui, répondis je en riant.
Son visage s'illumina d'un coup puis se ré-assombri aussi vite.
- Fais attention à lui s'il te plaît.
- Pourquoi ? Il n'a pas l'air si méchant, dis je essayant de me convaincre moi même.
Elle ne répond pas, elle me fixe puis après quelques secondes me sourit, son regard plongé dans le mien. Je sens dès lors mon cœur battre fort dans ma poitrine. Cette fille provoque chez moi des sensations bizarres... Je baisse les yeux pour rompre le contact, gênée. Elle pose sa main sur mon avant-bras qui soutient mes livres contre moi. Sa main est douce et chaude, des doigts sont fins et longs, et ses ongles sont soigneusement limés et coupés. Je relève les yeux pour les replonger dans les siens. Son regard devient plus profond. Je ne sens alors plus rien autour de nous. Juste elle, et moi. Elle me sort soudain de ma contemplation et ma pensée.
- Tu as finis de prendre tes affaires ?
Sa voix résonne à mes oreilles comme une douce mélodie. Mon esprit se remet à divaguer. Elle se rapproche de moi, resserrant sa prise sur mon poignet. Mes yeux dérivent sur ses lèvres. Roses, fines... Je peux sentir d'ici son doux parfum fruité. Bon sang mais à quoi je pense... cette fille est magnifique... sa douce odeur... et ses lèvres...Amy reprend toi... Je me rapproche encore un peu d'elle, je peux voir tout les détails de son visage fin. Qu'est ce que je suis entrain de faire ?! Je me recule d'un pas pour mettre une distance raisonnable entre nous. Elle me regarde étonnée de mon attitude ne comprenant pas mon geste.
- Amy ? Ça va ? Me demande-t-elle.
- Heu oui, oui. Je...réfléchissais.
Je regarde mes livres puis mon casier, prenant conscience de sa question.
- Eh bien... je crois que oui, j'ai tout, dis je en souriant.
- D'accord !
Elle me rend mon sourire. J'ai vraiment besoin de repos moi... Elle ferme alors mon casier qui était resté ouvert, puis je la suis à travers les couloirs vers la salle de notre prochain cours. Arrivées devant la salle, je m’appuie contre le mur du couloir en attendant la sonnerie. Nous sommes légèrement en avance. Elysa me regarde, ou plutôt me fixe, mais son regard est vide de toute animosité.
- Tu me donnera ton numéro ? Me demande-t-elle timidement.
- C'est drôle Lucas m'a demandé pareil, dis je en riant légèrement.
Son regard devient soudain sombre.
- Et tu le lui as donné ?
- Non, pas du tout, je lui ai dis que je le connaissais pas assez et que je n'avais pas vraiment confiance. Il me met un peu mal à l'aise enfaîte, répondis-je, gênée.
- Vraiment ?
Mes propos l'ont apparemment soulagé, car son visage c'est soudainement illuminé, mais une expression inquiète vient se poser sur son visage.
- Et moi ? Tu me fais confiance ? Je te mets mal à l'aise ?
- Toi, je te fais confiance et je me sens bien avec toi à mes côtés, alors non tu ne me mets pas mal à l'aise.
Je lui souris tendrement. Je pense tout ce que je venais de lui dire. Elle paraît soulagée et me rend mon sourire.
- Tant mieux alors ! Et donc je peux avoir ton numéro ? Me dit elle en me faisant un clin d’œil.
- Oui bien sûr, répondis-je en riant.
Elle sort son téléphone et je lui dicte alors les nombres composant mon numéro de téléphone portable. Elle regarde son téléphone, satisfaite et le range dans la poche avant de son jean. J'entreprends alors de la détailler entièrement. En plus de son jean couleur bleue marine, elle porte un pull large noir, découvrant son épaule droite, et des converses bordeaux montantes. Cette tenue épouse bien ses formes fines, pleines de grâce et biens proportionnées. Mon portable vibre soudain dans ma poche, me forçant à arrêter ma douce contemplation. Je sors mon téléphone et regarde le texto que je viens de recevoir : « Tu baves ;) » Je relève vite la tête pour voir Elysa me regarder avec un sourire moqueur étendu sur son visage. Mes joues s'empourprent alors très vite. Oh mon dieu...
- Je ne bave pas, dis-je en cachant tant bien que mal mon visage en tournant la tête vers son opposé.
- Oh à peine ! Mais ça me dérange pas, dit elle, son regard appuyé sur moi.
Comment ça ça te dérange pas ? Que veut elle dire par là ? Je la regarde sans comprendre. Elle détourne alors le regard.
- Maintenant tu peux enregistrer mon numéro.
- Ah oui !
Je reprend mon téléphone entre mes mains et enregistre son numéro dans mes contacts. Elle me regarde faire, satisfaite.
- Je vais pouvoir te harceler de messages maintenant ! S'exclame-t-elle en me faisant un clin d’œil avec un petit sourire malicieux au coin des lèvres.
- Fait attention à toi Elysa !
Mon sourire trahissait ma fausse menace.
- Bouh j'ai peur !
- C'est méchant de se moquer de moi... dis je faussement vexée.
- Oh ! Moi ? Jamais j'oserai !
Elle se met à rigoler et je la suit dans un fou rire incontrôlable. La sonnerie annonçant l'heure des cours retentit. Je n'ai aucune envie d'aller faire fonctionner mes méninges dans un exercice... Étant donné la tête que fait Elysa, elle pense la même chose que moi. Le professeur arrive peu de temps après. On entre dans la salle et les élèves s’assoient où ils veulent. Je décide de m'asseoir à un bureau dans le fond de la salle sur la rangée du milieu. Elysa me suit et s’assoit juste à côté de moi. Elle me fait un grand sourire pour me montrer que j'ai pas vraiment le choix. Le professeur se présente comme tout les autres depuis ce matin. Celui-ci est professeur d'anglais, il m'a l'air plutôt sympas, bonne nouvelle je n'aurai pas à subir un cours ennuyant à mourir. Elysa me regarde. Je l'interroge du regard mais elle ne fait que me sourire avant de tourner la tête vers le professeur Mr.Klein, pour écouter son petit discours sur le programme que nous aurons à suivre cette année.
Sachant que j'ai vécu un bon moment en Amérique et que je parle donc très bien l'anglais, je commence à dessiner sur les marges de mon cahier sous l’œil attentif d'Elysa, et n'écoutant que d'une oreille le cours qui venait de commencer. Je suis, sans me vanter, assez douée en dessin. Je me mets alors, sans m'en rendre compte, à dessiner un corps féminin svelte. La taille et les proportions du personnage feraient aisément penser à Elysa, mais au moment de dessiner les traits du visage, j'arrête mon crayon et le pose. J'observe mon dessin, perturbée. Pourquoi je dessine ça... vraiment... ressaisi toi. Je tourne la tête vers Elysa, elle aussi regarde attentivement mon dessin. Avec un peu de chance elle ne devinera pas que c'est elle... Elle détourne le regard pour le reposer vers le tableau. Étrange changement d'attitude de sa part. Je commence à scruter la salle et les élèves de notre classe. Mes yeux se posent sur une cascade de cheveux châtains clairs. Les courbes du dos de la jeune fille sont fines, sa tête est posée au creux de sa main, le bras accoudé sur la table. Seul son profil est visible de là où je suis. Son nez droit est fin et les traits de son visage sont doux, elle inspire le calme, la grâce et la douceur. Ses longs cils se ferment au rythme de ses paupières d'une façon qui me paraît étrangement sensuelle alors qu'il n'en est sûrement rien. Elysa se racle doucement la gorge, me faisant au passage reprendre mes esprits. Je tourne la tête et pose mes yeux sur elle. Ses yeux à elle sont posés sur la jeune fille que j'observais à l'instant puis se plongent délicatement dans les miens, puis aussi vite qu'elle avait établie le contact elle le rompe baissant les yeux sur son cahier. Il y a dès alors comme une tension qui règne entre nous. Je garde le nez plongé dans mon cahier tout le reste de l'heure, regardant de temps en temps du coin de l’œil Elysa qui ne prête plus aucune attention depuis le contact précédent. La sonnerie de la fin du cours arrive alors. Elysa range ses affaires en silence et sans m'accorder un regard sort de la salle. C'est quoi le délire là ? Les deux dernières heures nous sont dispensées puisqu'elles sont à l'origine pour les deux heures de sport et que personnes n'a ses affaires. Je décide donc d'aller jeter un œil en salle des professeurs pour tenter d'apercevoir mon éventuelle maman chérie !
